Maintenant que vous avez (ou presque !) votre tour, vous produisez à la vitesse « Grand V », vos étagères se remplissent. Il ne reste qu’à cuire vos pièces avant de pouvoir les offrir à vos proches 😉 En vous renseignant, vous trouverez des ateliers ou des céramistes qui pourront cuire vos créations. Il n’est donc pas indispensable d’investir dés le début dans l’achat d’un four. Il s’agit d’un gros investissement et vous devez être certain(e) de votre motivation avant d’acquérir un tel joujou. En ce qui concerne les fours, vous aurez plus de facilité à en trouver d’occasion. N’hésitez pas à demander à votre fournisseur de matériel pour céramistes, ils reçoivent souvent des annonces avec des occasions.
Je ne vais pas vous donner une marque mieux que les autres, je vais vous donner quelques considérations personnelles qui vous permettront d’effectuer au mieux votre choix (du moins je l’espère !). Je dois vous avouer que le sujet ‘four’ pour un céramiste, est un sujet intarrissable, mes réflexions sont en perpétuelle évolution et j’aborde le sujet dés que je croise un céramiste afin de recueillir son avis et son expérience! Lorsque j’ai dû acheter mon four, j’ai passé des soirées à farfouiller dans les blogs, à comparer les modèles, les tarifs, les caractéristiques techniques, et lorsque j’ai finalement dû effectuer un choix, j’ai été obligée de reconnaître que beaucoup de mes questions n’avaient pas trouvé de réponses. J’espère que cet article vous aidera à trouver certaines réponses qui me manquaient à l’époque… Parce que je n’écris pas un livre, je vais également me limiter aux seuls fours électriques 😉 Il s’agit pour moi, de la solution la plus facilement aménageable dans les maisons privées.
Quel modèle choisir :
Il existe deux modèles de four sur le marché : les fours ‘puis’ ou à chargement vertical (le four est généralement cylindrique, le couvercle se soulève sur le haut) et les fours à chargement frontal (souvent rectangulaire sur pieds, avec une porte qui s’ouvre sur le côté).
Les avantages et/ou inconvénients de chacun :
Four à chargement vertical : Son gros avantage est son prix : moins élevé que son frère à chargement frontal. Cela s’explique notamment par les résistances qui ne sont pas les mêmes et par la structure du four. Ce sont des bons fours destinés essentiellement à une utilisation ‘artisanale’, ils ne sont pas prévus pour fonctionner plusieurs fois par semaines (sauf de manière occasionnelle). Selon les marques vous naviguerez entre 2200 à 3000€ TVAC (pour de 60l-80l).
Je trouve ces fours plus facile à remplir : en bloquant bien votre dos (et en pensant à vos abdominaux), vous pouvez mettre les plaques réfractaires sans trop de tensions au niveau du dos, mais aussi, vous visualisez les espaces entres chaque créations et ne risquez pas de les faire se toucher. Les nouveaux modèles ont une consommation très réduite et peuvent même être branché sur une simple prise électrique. Je crois que toutes les marques ont un modèle ‘éco’ qui possède des briques réfractaires plus épaisses pour les parois. Cela augmente l’isolation du four et réduit encore sa consommation. Si vous avez ce four, évitez de poser des objets sur le couvercle ! Les briques réfractaires sont juste serties, elles sont très fragiles et ne sont pas prévues pour accueillir du poids sur le couvercle. De plus, lors des cuissons, les parois et le couvercle chauffent aussi. Ne posez rien contre (ou sur) votre four, vous risquez un incendie (je sais de quoi je parle, un jour, un élève a posé une planche contre le four, en passant dans l’atelier, j’ai retrouvé la planche complètement noircie et tout fumante ! Je vous promets que depuis, je vérifie plusieurs fois que rien ne traine dans les parages du four !). Selon les marques et les modèles, les dimensions peuvent varier pour un volume identique: certains fours sont plus hauts et plus étroits, d’autres plus larges et plus bas. N’hésitez pas à comparer entre les marques et les modèles celui qui conviendra le mieux à vos productions et votre physique (avec ma taille de lilliputien, j’ai opté pour un four large et bas, les autres, je n’arrivais pas dans le fond 😉 )
Four à chargement frontal : Ils sont plus chers à l’achat et prévus pour une utilisation professionnelle. Les résistances permettent de cuire à un rythme plus soutenu et les briques réfractaires seraient de qualité supérieure. Les tarifs démarrent souvent vers 6000€ (pour 100l). Ces fours sont sur pieds et vous pouvez ranger votre matériel d’enfournement sous le four (>gain de place). Il est moins facile à remplir, car vous devez portez vos plaques réfractaires à bout de bras pour les poser sur les colonnettes. Vous ne voyez pas bien l’espace restant à l’arrière de vos pièces. Selon les marques, les petits volumes n’existent pas toujours dans ce modèle.
Mais alors quel modèle choisir ?
Si vous cherchez un four pour votre production artisanale, les fours à chargement verticaux sont parfaits ! Je conseille un volume minimum de 60l. Plusieurs marques proposent des fours de 80l pour une faible différence de prix par rapport au 60l. Si vous prenez un four plus petit, vous allez rapidement être limité dans la taille de vos créations. Prendre plus grand dépendra de votre rythme de production : un four adapté à vos besoins est un four qui chauffe régulièrement. Il vaut mieux le faire chauffer toutes les semaines que de devoir attendre 2 mois pour remplir votre four, ce n’est pas motivant. Ces remarques sont valables pour le tournage, si vous faites de la sculpture et/ou du modelage, les pièces sont souvent plus grandes, il faudra penser à adapter la taille du four en conséquence. Certaines modèles offrent la possibilité d’ajouter des anneaux supplémentaires (sur four à chargement vertical) afin d’augmenter la capacité du four. Attention que la puissance électrique nécessaire augmente également… il y a de grandes chances pour que votre simple prise ne soit plus suffisante. De plus, le budget de ces anneaux est tout de même assez élevé. Je ne trouve donc pas que cela soit réellement utile.
Lors de l’achat d’un four, vous devrez choisir entre deux températures de cuissons (qui varient selon les marques !), souvent 1260°C et 1300°C. Si vous cuisez à haute température (= grès = +/-1250°C), vous devez prendre le modèle qui a la température la plus élevée, ici, 1300°C. Si vous ne faites que des basses températures (= faïence = +/- 1150°C), alors le modèle avec une température plus basse conviendra parfaitement.
Si vous achetez un four neuf, vous aurez un programmateur (souvent inclus dans le tarif). En occasion, pensez à vous assurez que le programmateur règle de manière automatique sa montée en température. Mon premier ‘vieux’ four ne le faisait pas… Tous les « X » je devais manuellement augmenter la puissance… juste un cauchemar ! Vous aurez souvent la possibilité de choisir (moyennant un supplément) un programmateur de qualité supérieure. Qu’avez-vous réellement besoin ?
En toute franchise, j’utilise 3 courbes de températures (et essentiellement 2 !), il n’est donc pas utile d’avoir une panoplie d’option… sauf si vous souhaitez faire des recherches avec des émaux qui cristallisent (alors vous devez absolument pouvoir régler des paliers dans la descente de température). Pour le reste, je vous conseille un modèle sur lequel vous pouvez programmer une courbe de ce type :
- je monte à tel rythme jusqu’à la température X (ex : de 0°C à 600°C à 100°C/h)
- je monte à un autre rythme jusqu’à une température Y (ex : de 600°C à 1250°C à 200°C/h)
- je peux faire un palier (= une pause à température constante) une fois arrivé à Y (ex : une fois arrivé à 1250°C, je reste 15 minutes à cette température avant de chuter)
A l’atelier, j’ai rarement pour ne pas dire jamais de casse durant les cuissons. Je monte très lentement en température, cela prend évidemment plus de temps, mais je n’ai pas de mauvaises surprises 😉
Voici les deux courbes que j’utilise :
Biscuit : 50°C/h jusqu’à 150°C, ensuite 100°C/h jusqu’à 950°C
Grès : 100°C/h jusqu’à 300°C, ensuite 180°C/h jusqu’à 1250°C et ensuite un palier de 15 minutes.
Pensez à étalonnez votre four (grâce aux cônes pyrométriques de Seger) lorsque vous l’utilisez la première fois et lorsque vous changez les résistances (si vous ne voyez pas de quoi je parle, demandez conseil à votre fournisseur).
Ma troisième courbe sert à sécher lentement des pièces, mais c’est pour du gros dépannage d’urgence… cela reste un risque et je ne recommande pas cette technique ! La poterie, c’est aussi et surtout apprendre à admettre que nous sommes tributaire du temps, le temps nécessaire à faire sécher une pièce, mais aussi le temps météorologique, car sous un climat pluvieux et humide tout sèche plus lentement… Il faut accepter le rythme de toutes choses 😉
Résistances et canne pyrométrique :
Aujourd’hui, les deux sont bien protégées dans les parois des fours. Pour les fours plus anciens, vous aurez peut-être le bout de la canne pyrométrique (= sonde qui donne la température à l’intérieur du four) qui dépasse. Faites alors attention à ne pas la cogner en chargeant le four, elle est fragile et assez onéreuse si vous devez la changer.
Les résistances, et bien, elles s’usent 😉 Il faudra donc penser à la changer. Il existe de très bons Tutos sur le net qui vous expliqueront en détail comment faire. C’est assez simple, mais la force de l’Homme est toujours recommandée 😉 Je peste à chaque fois sur le procédé, car même en négociant ardemment avec tous mes muscles, je n’arrive pas à détendre les résistances ni à enfoncer les crochets dans les briques… Bref, je dois systématiquement négocier un aide auprès de l’Homme qui termine en râlant d’être plié en deux, la tête en bas, … bref, tout une histoire le changement des résistances… Heureusement, vous ne devrez pas faire cela souvent. A l’atelier, je les change tous les 1,5 ans, mais le four chauffe une nuit sur deux ! C’est de l’intensif, ce qui ne sera probablement pas le cas chez vous. Par contre, pensez à avoir un jeu de résistances en réserve, car il faut les commander et si jamais, il y en a une qui casse alors que vous êtes en plein « rush » (ce qui arrive toujours), vous rigolerez beaucoup moins ;-)))
N’ayez crainte, vous remarquerez rapidement qu’il y a un soucis : soit votre four n’atteindra jamais la température demandée (surtout pour la cuisson émail), soit vous aurez subitement d’étranges résultats dans vos émaux… Si vous avez un doute : glissez un petit morceau de papier derrière chaque résistances (le papier doit être en contact avec celles-ci), faites chauffer le four jusqu’à 500°C, si le papier est brulé, tout fonctionne, s’il n’est pas brûlé, la résistance est à changer !
Lorsque vous achetez votre four, pensez aux accessoires pour enfourner ! Ce n’est pas prévu dans l’achat du four… il vous faudra au minimum 3 plaques d’enfournement (que vous devrez traiter avant) et un set de colonnettes (elles s’utilisent par multiples de 3). Si vous avez un Homme bricoleur (encore lui !), demandez lui avec un grand sourire et vos yeux de cocker si il peut vous couper une plaque en deux demis, toujours bien pratique si vous avez des pièces de hauteurs différentes (attention : il faut du matériel spécifique, renseignez-vous auprès de votre fournisseur). Je ne crois pas qu’on en trouve coupées dans le commerce, mais vous pouvez vous renseigner.
Lorsque vous installerez votre four : pensez à le placer dans un endroit aéré ! J’insiste sur ce point ! Les vapeurs dégagées sont TRES nocives ! On trouve très peu d’écrit sur le sujet, mais pour avoir passé du temps à chercher sur le net, je vous confirme que tout ce qui se dégage d’un four, c’est franchement néfaste pour notre organisme (et même à cuisson biscuit !). Installer votre four dans votre maison n’est donc pas recommandé et où qu’il soit, vous DEVEZ avoir une fenêtre ouverte quand il cuit et bien aérer ensuite !
De plus, il ne peut pas être installé trop près de vos murs (surtout si ils sont en bois, une distance minimale est conseillée).
Petit détail : renseignez-vous sur le poids de votre futur four, car il pèse lourd, très lourd 😉 Si vous l’installez à l’étage (ce que je déconseille), assurez-vous que le sol supporte un tel poids ! Voyez auprès de votre fournisseur si il offre un service livraison, si vous allez le chercher vous-même assurez-vous qu’il rentre dans votre voiture et que celle-ci supporte son poids !
De même, pensez à vérifier la puissance électrique de votre maison, les petits formats ne posent normalement pas de problème, mais un plus grand volume nécessite plus de puissance. Les fours ne sont quasiment jamais de stock, il faut donc les commander et cela prend plusieurs semaines.
Voici quelques adresses de fournisseurs :
Uniquement la marque KITTEC
Patrick DE GEYNST- GEYCO
02/366.31.55 -0475/72.34.44
Rue Champ Poirier,3 – 1440 Wauthier Braine
www.four-ceramique.be – geycoo@gmail.com
Uniquement la marque Nabertherm
Argilière Hins : www.hins.be
Uniquement la marque Rhode
Aux Couleurs d’Argiles : https://aux-couleurs-dargiles.be/fr/
Uniquement la marque Nabertherm
Colpaert Ceramic : http://www.colpaert-ceramic.be
Uniquement la marque H&C – marque Belge : les fours sont produits sur mesure
H & C : http://www.fourshc.be/fr/home.htm
Et bien voilà, un bon ‘gros’ article : pas simple de résumer un sujet si vaste 😉 A la relecture de celui-ci, je m’aperçois que si vous n’avez pas encore de four, vous devez prendre peur 😉 N’ayez crainte, c’est comme le reste, après l’avoir utilisé deux ou trois fois, vous maîtriserez tout ce qui est écrit dans cet article. N’oubliez pas que votre fournisseur est votre meilleur interlocuteur, il est là pour partager avec vous sa passion et vous aider!
La semaine prochaine, promis, je ferai plus court 😉 Je vous donnerai quelques petits conseils pour organiser votre espace de manière fonctionnelle.
Bonne semaine !